E L'AFFINAGE DE L'OR & DE L'ARGENT.

Diverses manières d'Affiner.
L'Affinage de l'Or se fait, 1. par l'Antimoine ; 2. par le Sublimé ; 3. par l'Eau-forte ; 4. par le Plomb & des Cendres ; 5. avec le Ciment.

Par l'Antimoine.
Pour l'Affinage par l'Antimoine, on se sert d'un Fourneau à vent & d'un creuset ordinaire, mais d'une grandeur proportionnée à la quantité d'Or qu'on veut affiner, de sorte que l'Or et l'Antimoine qu'on veut y mettre ne l'emplissent au plus qu'à demi.

Lorsque l'or, dont on a chargé le creuset, eut fondu, on y jette tout en une fois la quantité d'Antimoine qu'il en faut. L'Antimoine est une pierre métallique qui, mise en fonte, a la propriété de saisir et d'absorber les terres fines & les Métaux qu'elle rencontre, à l'exception de l'Or, auquel elle s'unit presque point, mais qu'elle laisse précipiter.

Plus l'Or est bas, c'est à dire sale et plein d'alliage, plus il faut mettre d'Antimoine à la fonte. On met environ une livre d'Antimoine par marc d'Or, si l'Or est au dessous de 22 carats jusqu'à 16, & cinq quarterons, si l'Or est au dessous de 16 carats.

Dans cette opération, l'Or tombe pur au fond du creuset, les autres matières avec le souffre d'Antimoine surnagent ; & la masse d'Or repassée au feu se délivre par la fumée de ce que l'Antimoine y avait laissé du sien.

On retire par d'autres opérations l'or qui peut être resté aux attaches des Coupelles sèches, de même que le peu qui se trouve avec l'alliage dans les crasses de l'Antimoine.

Par le Sublimé.
L'Affinage de l'Or par le Sublimé s'exécute d'abord comme celui qui se fait par l'Antimoine, c'est à dire au même Fourneau, avec le même Charbon, même Feu & dans de semblables creusets. Le Sublimé est un composé de Vif-argent et d'esprit de Sel marin qui, mis en fusion avec l'Or, volatilise & élève en fumée, tout autre métal qui s'y trouve mêlé.

Les Affineurs se servent rarement de ces deux premiers moyens, parce que l'Antimoine & le Sublimé sont plein de parties arsénicales, dont les fumées seules sont très meurtrières. Le poison de l'Antimoine est plus lent, celui du Sublimé plus prompt.

L'Affinage du Sublimé est plus beau et de moindre dépense que l'Affinage par l'Antimoine.

Par l'Eau-forte.
L'Affinage par l'Eau-forte s'appelle Départ d'Or. Cet Affinage est le plus commun, c'est celui où il y a le moins de déchet. L'Eau-forte est une liqueur composée des esprits qu'on a tirés du Nitre & du Vitriol avec le secours du feu. Cette eau a la propriété de dissoudre l'Argent, le Cuivre & d'autres Métaux, mais elle laisse l'Or en entier.

Cette opération du Départ, ou de l'Affinage à l'Eau-forte se fait de la manière suivante. On prend un marc de bas Or & deux marcs d'Argent, ou plus ou moins en gardant cette proportion. Ces trois marcs fondus & bien brassés dans le Creuset avec l'instrument nommé brassoir, on les jette dans de l'eau commune, où ils se réduisent en grenaille de la grosseur de petits pois ou de grains d'orge.

Cette grenaille est retirée de l'eau & séchée au feu, & mise dans le pot à départir qui est un Matras ou Pot de grès, & l'on y joint 3 livres d'Eau-forte, c'est à dire livre pour marc. Le Pot ensuite bien lutté avec de la terre glaise, ayant été mis sur des charbons bien allumés, au bout d'une heure l'Affinage est fait ; & le pot étant ouvert on y voit plus que l'Eau-forte avec l'Or réduit en sable, ou en terme de l'Art, réduit en chaux. Pour pousser l'Or à son véritable titre, on lui donne ordinairement encore deux fois l'Eau-forte, la première d'une demi-livre, & la seconde d'un quarteron par marc.

L'Affinage fini, on lave l'or en chaux dans plusieurs eaux, & ensuite on le met fondre dans un creuset, en le poussant au feu d'abord lentement, puis plus fortement pour enfin le mettre en Lingots.

Par le Plomb et avec le Ciment.
Outre les Affinages dont on vient de parler, on peut encore Affiner l'or de quelques autres manières, savoir à la Coupelle, c'est à dire avec le Plomb et des Cendres ; ou avec le Ciment, qui est une pâte composée de brique, de Sel commun, de Sel ammoniaque, de Sel gemme & d'Urine.

L'Affinage de l'Argent.
L'Affinage de l'Argent se fait par le Salpêtre ou par le Plomb.

Par le Salpêtre.
L'Affinage par le Salpêtre se fait dans un fourneau à vent de la manière suivante. L'Argent ayant été réduit en grenaille, en le versant, lorsqu'il est en bain & bien brassé, dans un Baquet d'eau commune, on le fait recuire dans un Bouilloir. Ensuite on charge un Creuset, en y mettant autant de 2 onces de Salpêtre qu'il y a de marcs d'Argent à affiner.

Cela fait, on couvre le Creuset, on le met au Fourneau, & après avoir mis l'Argent en fusion, on découvre le Fourneau, & on y laisse refroidir le Creuset, qu'on casse ensuite pour en retirer l'Argent, qui s'y trouve rassemblé en un Culot, dont le fond est d'Argent très fin, & le dessus est mêlé des crasses du Salpêtre, de l'alliage de l'Argent, et même de quelques partie d'Argent fin.

Le Culot dégagé des crasses se remet fondre dans un Creuset, où, quand il est en bain, on jette du Charbon noir réduit en poudre, qu'on brasse fortement avec le Métal. On donne un second feu au Creuset, on évente l'Argent, en chauffant avec un soufflet la crasse qui est sur le bain, jusqu'à ce qu'il paraisse aussi clair qu'une lame de Miroir ; & alors on y jette une once de Borax en morceaux. Le Creuset ayant été recouvert, on lui jette un dernier feu, & enfin on le jette en Lingot.

Par le Plomb.
Pour faire l'Affinage de l'Argent par le plomb, on prépare une Terrine de grès, qu'on appelle Casse ou Coupelle d'Affinage, & qu'on emplit de Cendrée, composée de Charrée de lessive, & de cendres d'os de Bœuf & autres os. Cette Casse étant mise sur le feu pour la faire rougir, on y met ensemble l'Argent et le Plomb, par proportion d'un livre de Plomb par marc d'Argent, & même un peu plus de Plomb si l'Argent est de bas aloi. A mesure que ces métaux se fondent à grand feu, le Cuivre, qui peut être mêlé avec l'Argent se dissipe en fumée, ou s'en va avec les crasses. Le Plomb se dissipe de même. L'Argent seul reste dans la casse au titre & au degré de fin.





 L'or & l'argent      Or en feuille & Or Battu