E L'ART DE FAIRE LE FER BLANC.

Comment le Fer blanc se blanchit.
Le Fer blanc se blanchit avec l'Etain & l'Eau-forte. On y emploie l'Eau forte d'abord, parce que le Fer étant trop poli, ne retiendrait point la teinture. Pour parvenir à blanchir le Fer blanc, il faut avoir des Fours & des Etudes, dans lesquelles les matières soient tenues chaudement pour tremper les feuilles de Fer noir; ensuite on les retrempe dans l'Etain, qui est mis en liqueur dans les Creusets, & il n'y reste qu'autant le tems qu'il faut pour le tremper; on le reporte aux Etuves pour qu'il refroidisse doucement, afin que l'Etain s'unisse mieux dessus. L'Etain doit être très pur pour être propre à étamer le Fer.

Mémoire sur le Fer blanc.
Le même Auteur que nous venons de citer dans l'Article précédent, Mr. de Réaumur, nous a encore donné sur l'Art de faire le Fer blanc, un Mémoire (Voyez l'Hist, de l'Acad. des Scienc. an. 1725), qui contient quantité de recherches extrêmement curieuses & importantes, & dont nous nous bornerons à raporter le précis.

En quoi consiste l'Art de faire le Fer blanc.
L'Art de faire le Fer blanc a toujours été regardé comme propre à l'Allemagne; on a même prétendu que c'était un secret qu'on y conservait avec soin. Mais Mr. de Réaumur en a dévoilé le mystère; & voici en quoi il consiste.

Le travail du Fer blanc ne commence proprement, que quand il faut préparer des feuilles de fer à être étamées: il les suppose applaties & coupées quarrément; elles ne sont alors que ce qu'on appelle du Fer noir. Le Fer le plus propre pour cela est celui qui à chaud se laisse le mieux étendre & qui peut aussi être forgé à froid.

Les feuilles de Fer une fois applaties, coupées en morceaux qu'on appelle Semelles, & ces Semelles préparées comme elles doivent l'être, il n'est plus question que de les blanchir, ou de de les étamer. Rien ne serait plus facile, si l'on en avait peu à étamer; il n'y aurait qu'à bien nétoyer leur surface, qu'à les bien décrasser avec la lime. Mais du Fer blanc préparé de cette manière, se trouverait trop cher.

Cet Art a donc deux parties principales, l'une de rendre à peu de frais, les feuilles propres à être étamées, & l'autre de les bien étamer. Pour mettre les feuilles en état de prendre l'Etain, au-lieu de les décrasser à force de frotemens de lime, on a imaginé de les faire tremper dans des eaux acides pendant un certain tems. Ces eaux font peu à peu mais à peu de frais, ce que la lime ferait sur le champ; elles rongent la surface du Fer. D'ailleurs, comme on met à tremper à la fois tel nombre de feuilles qu'on veut, l'effet des eaux équivaut à chaque instant à celui de quelque nombre de limes qu'on veut faire agir. Les feuilles ont été rongées jusqu'à un certain point, on les retire des eaux, on les frotte, on les récure avec du sable; & une Femme écure alors plus de feuilles dans une heure, que l'Ouvrier le plus expéditif n'en limerait en plusieurs jours.

Les eaux les plus propres à décrasser ou décaper le Fer, celles qui coutent le moins, sont les Eaux qui viennent de Grains aigris. Tout le fond du secret pratiqué en Allemagne consiste dans des eaux faites avec le Seigle, qui est celui des Grains qui a le plus de disposition à s'aigrir.

La pratique usitée est de remplir des Baquets ou des Tonneaux de ces eaux aigres, où l'on met ensuite des piles de feuilles de Fer. Pour faire mieux aigrir ces eaux, & pour qu'elles ayent plus d'activité, on tient les Tonneaux ou Baquets, dans des Etuves, c'est-à-dire, dans des Caveaux voutés, qui ordinairement n'ont point d'air, & où l'on entretient des Charbons allumés. Il faut au moins deux jours avant que les feuilles soient décapées, & souvent il en faut beaucoup davantage.



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