E L'HORLOGERIE.

Ce que c'est qu'une Horloge.
Ce qu'on appelle Horloge, en général, est une Machine propre à mesurer le tems. Quelques-unes de ces Machines nous viennent des Anciens; les autres sont de l'invention des Modernes Les premières sont, l'Horloge ou Cadran Solaire, la Clepsammie, ou Horloge de Sable; la Clepsidre, ou Horloges à roues, les Pendules, les Montres, & la Boule d'étain, que quelques-uns nomment simplement une Hydraulique.

Horloges à roues.
Les Horloges à roues, dont quelques-uns attribuent la première invention à un Archidiacre de Vérone (a), sont des Machines composées de plusieurs pièces différentes, concourant toutes par l'égalité de leurs mouvemens à diviser le tems en parties égales. Le principe de leur mouvemens est un poids, ou un ressort, qui fait tourner les roues; & c'est un pendule, ou bien un balancier, avec un ressort spiral, qui modère ce mouvement, & le rend égal ou uniforme.
(a) Cet Archidiacre vivait sous le règne de Lothaire, fils de Louis le Débonnaire.

Les roues sont les principales parties d'une Horloge. Chaque roue est ordinairement attachée sur son axe ou essieu, dont les deux bouts s'appellent pivots. Le plus souvent il y a deux roues sur le même axe, dont la plus grande s'appelle simplement Roue, & la petite, Pignon.

On distingue dans une roue de cette sorte, la roue propre, avec ses dents; l'axe, ou l'arbre, avec ses deux pivots sur lesquels la roue tourne; le pignon, avec ses dents ou ses ailes. Afin que les roues puissent mieux tourner sur leurs pivots, elles ont un double appui, qui fait que les deux pivots de chaque roue en sont soutenus. Pour cet effet il y a deux platines, qui ont des trous pour recevoir les pivots des roues. Ces platines avec leurs soutiens ou piliers, s'appellent la cage. Cette cage peut-être faîte de manière à contenir tant de roues qu'on veut.

Pour ralentir le mouvement du rouage & en augmenter la durée, on a inventé le Balancier, qui est appliqué de telle manière à la dernière roue, qu'étant frappé par chaque dent de cette roue successivement, & forcé par les coups qu'il en reçoit de se tourner alternativement de côté & l'autre, il agit aussi à son tour sur la roue, en ne lui permettant d'avancer que peu à peu, & en ne laissant échaper qu'une seule de ses dents à la fois, pendant une de ses vibrations. Par ce retardement que produit le Balancier, on peut faire durer le mouvement à volonté, pourvu que le poids ait une force suffisante pour entretenir les vibrations du Balancier, qui n'est mû que par la force dont il est frappé par les dents de la dernière roue.

Dans une Machine ainsi construite, la première roue ne tourne que fort lentement. dans la supposition qu'elle tourne une fois en 12 heures, si l'on fait passer le bout de son axe au travers d'une planche qui serve de Cadran, sur laquelle on aura décrit un cercle divisé en 12 parties égales, & que l'on attache une aiguille sur le bout de cet axe, de manière que sa pointe tombe sur le cercle du Cadran; il est évident que cette aiguille, marchant du même pas avec la roue qui la porte, marquera sur les divisions du Cadran l'heure du Jour.

Cela doit suffir pour donner une légère idée de la construction d'une Horloge simple. Les premières Horloges n'avait rien que de fort grossier.. Mais dans la suite on les perfectionna, en y ajoutant surtout la sonnerie & le réveil. On en fit même d'assez petites pour être placées commodément dans une chambre, & auxquelles on donna le nom de Pendules. On inventa enfin les Montres, qui sont de petites Horloges portatives, dont l'usage est devenu fort commun, parce qu'elles sont extrêment utiles.

La Pendule.
La Pendule est une Horloge qu'on fait avec un Pendule, qui en règle le mouvement égal par le moyen d'une ligne cycloïde inventée par Mr Huyghens.

Le Pendule est un poids attaché à une corde, ou à une verge de fer, lequel étant une fois agité, fait, plusieurs vibrations, jusqu'à ce qu'il se soit remis au repos. Il est suspendu par un filet inflexible, lequel est attaché à un point fixe, qu'on nomme centre de mouvement réciproque, parce que c'est autour de ce point que le Pendule se meut. Les vibrations du Pendule contiennent un espace temps parfaitement égal.

La Pendule ordinaire.
Il y a plusieurs sortes de pendules. Le principe du mouvement d'une Pendule ordinaire est un ressort. Le ressort est une lame d'acier bien battue, qui se roule sur elle-même, & fait plusieurs tours en forme de spirale: plus on lui en fait faire, plus il se raidit & fait d'effort pour se développer. Pour tourner ainsi le ressort en spirale & le bander, on l'enferme dans un cylindre, qu'on nomme tambour ou barillet, lequel est traversé par un arbre qui lui sert d'axe.

Le ressort est attaché par une de ses extrémités à cet arbre qui est fixe; & par l'autre extrémité il tient à la circonférence intérieure du tambour; de sorte que le tambour venant à tourner, c'est une nécessité que le ressort se roule sur l'arbre, & si le tambour tourne en un sens contraire, pour lors le ressort se déroule. Quand le ressort est monté, il fait effort de lui-même pour se rétablir; de sorte qu'en emportant la circonférence du tambour, il emporte ce qui y tient: il agit sur le rouage, qui est composé de cinq roues, sans y comprendre celles qui sont entre le Cadran & la plaque à laquelle il est attaché. On règle la force du ressort qui est dans le tambour, & on l'empêche de se débander, à l'aide du Pendule ou poids dont nous venons de parler.

La verge de fer du pendule est attachée par son extrémité supérieure à un arbre horizontal mobile autour de ses pivots: cet arbre porte deux palettes contre lesquelles choquent les dents de la roue qu'on nomme de rencontre. La rencontre alternative des palettes de l'arbre, & des dents de cette roue, est appelée Échappement. La bonté de l'Échappement est une partie essentielle d'une Horloge. Pour qu'il soit exempt de défauts, il ne doit point troubler l'égalité en durée des vibrations du Pendule, qui fait de lui-même toutes ses vibrations temps égaux.

L'usage des roues est de régler le développement du ressort du tambour; & le nombre de leurs dents doit s'accorder avec le nombre des vibrations du Pendule. D'autres roues cachées entre cadran & la plaque à laquelle il est joint, servent à la marche des aiguilles; & on donne le nom de cadrature à leur assemblage.

Ce qu'on appelle la Fusée, est un levier perpétuel, qui corrige l'inégalité de l'action du ressort logé dans le barillet, & fait en sorte que l'action du ressort, qui en elle-même est inégale, devienne égale lorsqu'il l'exerce sur le rouage. C'est pour cela que la Fusée est inégalement grosse dans sa hauteur: elle a la figure d'un cône tronqué, ou plutôt d'une cloche. Quand on bande le ressort, la Fusée commence par le bas à se couvrir de la chaîne, & quand celle-ci arrive au haut de la Fusée, le ressort est tendu dans le barillet autant qu'il le peut être. La tension du ressort, étant alors la plus grande qu'il puisse recevoir & exercer sur le rouage, on la diminue en lui faisant tirer la fusée, & conséquemment le rouage par la chaîne posée sur la chaîne posée sur la spire la plus étroite. Il tire donc alors par le levier le plus court. L'action de ce ressort venant ensuite à s'affaiblir de plus en plus, il agit & tire par un levier qui va toujours en augmentant. Ainsi la perte successive des forces du ressort est réparée par l'avantage d'un allongement successif dans le levier.

Ce que c'est une Montre.
On donne généralement le nom de Montre à toute horloge qui est en petit volume. Il y a des Montres de cabinet qu'on met sur un bureau, des Montres à pendules, des Montres de poche. Il y a des Pendules et des Montres à répétitions. Ces Montres ne donnent les heures, que lorsqu'on pousse un bouton; pour lors elles sonnent exactement l'heure qu'il est, & même les quarts-d'heure: elles répètent autant de fois qu'on pousse le bouton.

Les Montres ordinaires.
Les Montres ordinaires marquent les minutes, & si l'on veut, les secondes. Elles ont cinq roues,sans compter celles de la cadrature, un tambour qui contient le ressort premier moteur, une fusée, un balancier, le ressort spiral & un rateau qui sert à le lâcher, ou à le bander davantage. Le ressort du tambour agit sur la fusée au moyen d'une chaîne, qui tantôt est dévidée sur le tambour, & tantôt sur la fusée, ou en partie sur le tambour & en partie sur la fusée. On prétend qu'un nommé Malo fit une Montre sonnante, dans une bague la Reine Marie-Thérèse portait à son doigt (b).

(b) On peut consulter pour les Horloges, les Pendules & les Montres, les Ouvrages suivants. Dans les Mem. de Trevoux, janv. 1732, on voit que Mr. de la Ricardiere a inventé trois pratiques pour perfectionner l'Horlogerie. Dans les mêmes Mem. Mars 1733, & dans ceux de l'acad. Roy. des Sciences on trouve la description d'une Pendule à répétition par Mr. Julien Roi. Le P. Jacques-Alexandre, Bénédictin, nous a donné un Traité général des Horloges, imprimé à Paris en 1734 in 8. Nous avons de Mr. Henri Sully la régle artificielle du Temps, &c. imprimée in 12 à Paris en 1737. Mr. Thiout a publié un Traité de l'Horlogerie mécanique & pratique, en 2 vol. Paris 1717. On trouve dans le Mercure de France, Février 1744, un Mémoire historique sur la forme ancienne des Boîtes des Montres sonnantes, & sur une manière nouvelle de les construire, par Mr. Julien Le Roi.



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